Étude des stéréotypes de genre dans le domaine des SI

Ce projet part d’une question que je me pose depuis quelque temps : Pourquoi les femmes sont-elles sous-représentées dans les métiers de développement et de management des systèmes d’information ? Pour mieux comprendre et appréhender les mécanismes qui consolident ou déconstruisent les stéréotypes de genre associés aux métiers des SI, je souhaite étudier la littérature sur le sujet. Cette analyse me permettra de créer un support de sensibilisation destiné notamment aux élèves en école d’ingénieur, afin de les informer et de les sensibiliser à ces enjeux.

Pourquoi les femmes sont-elles sous-représentées dans les métiers liés aux systèmes d’information ?

Ce POK vise à mieux comprendre les mécanismes qui consolident ou déconstruisent les stéréotypes de genre associés aux métiers des SI. À travers une analyse de la littérature existante sur le sujet, l’objectif est de dégager les facteurs clés à l'origine de cette sous-représentation et d'identifier des leviers pour favoriser une meilleure inclusion.

En effet, dans les années 1990, les femmes représentaient environ 30 % des travailleurs du secteur de l’informatique, et ces chiffres n’ont pas tendance à évoluer, que ce soit en France ou dans le monde. [1]

Par ailleurs, le schéma ci-dessous illustre bien le déficit de femmes s’orientant vers des études en informatique. On constate un pic dans les années 1980, suivi d’une baisse continue jusqu’à aujourd’hui, bien que la proportion de femmes en écoles d’ingénieur (toutes branches confondues) soit en augmentation. [3]

Nous allons alors dégager ici les différents facteurs de consolidation et de déconstruction des stéréotypes de genre des femmes dans les SI, identifiés dans les différentes sources de notre bibliographie (disponible en fin de page).

Origine et consolidation des stéréotypes de genre dans les SI

La société a historiquement attribué des différences de caractère, de tempérament et de goûts entre les hommes et les femmes, renforçant des rôles de genre distincts. Cette conception essentialiste a conduit à l’idée que certaines compétences et activités étaient naturellement masculines ou féminines. Par exemple, la technologie a été perçue comme un domaine réservé aux hommes, en raison de son association avec la rationalité, la logique et l’analyse, des traits souvent associés au masculin dans nos représentations culturelles.

• Origines historiques : Dès les premiers ordinateurs, la technologie était perçue comme un terrain masculin. L’image du "geek" ou du "hacker", souvent associée à des stéréotypes d’isolement social et d’expertise technique, s'est cristallisée et a exclu les femmes de cette sphère. [1] [3] [4]

• Notion essentialiste : Selon cette vision, la nature des femmes serait plus émotionnelle et relationnelle, alors que celle des hommes serait plus analytique et technique. Cette vision a contribué à réduire la place des femmes dans les secteurs scientifiques et technologiques. [1]

• Familles et éducation : Les premiers ordinateurs, principalement présents dans les foyers, étaient souvent considérés comme des outils destinés aux hommes. Cette distinction renforçait les stéréotypes dès le plus jeune âge, empêchant les filles de s’identifier à ces outils et de développer leurs compétences en informatique par rapport notamment à leurs frères. Cela créait un sentiment d’infériorité et de dévalorisation de leur potentiel dès le plus jeune âge. [1] [3]

• Absence de rôles modèles féminins : Le manque de figures féminines visibles dans les SI empêche souvent les jeunes filles de se projeter dans ces métiers. Pourtant, c'est une femme, Ada Lovelace, qui a été à l'origine des premiers concepts de l'informatique. [1] [3] [4]

• Autocensure et dévalorisation des compétences : Face aux stéréotypes de genre, les filles et femmes tendent à sous-estimer leurs propres compétences techniques à compétences équivalentes aux garçons, une dynamique qui se traduit par une autocensure dans le choix de leurs parcours scolaires et professionnels. Beaucoup de jeunes filles renoncent à s’engager dans des études scientifiques ou en SI, convaincues qu’elles ne sont pas faites pour ces disciplines. Cette dévalorisation de leurs capacités contribue à la sous-représentation des femmes dans ces domaines. [2] [6]

• Orientation genrée dès le lycée et dans l’enseignement supérieur : Le système éducatif en France, avec des parcours comme Parcoursup, reste marqué par une orientation genrée. Au lycée, les filles sont majoritairement orientées vers des spécialités scientifiques comme la médecine ou les sciences de la vie et de la terre, tandis que les garçons se dirigent davantage vers les mathématiques, la physique, et l’informatique. Cette ségrégation des parcours se poursuit à l'université, où les formations scientifiques, et en particulier celles des SI, restent fortement dominées par les hommes, renforçant alors les stéréotypes de genre. [2] [3]

• Phénomène du "tuyau percé" : Bien que certaines femmes s’engagent dans des carrières dans les SI, le manque d’intégration et la culture masculine prédominante les poussent souvent à quitter ces secteurs. [3] [5]

• Plafond de verre : Même lorsque des femmes accèdent aux SI, leur progression est souvent limitée par des barrières invisibles. Les positions les plus prestigieuses, stratégiques et influentes sont encore principalement occupées par des hommes, ce qui renforce l’idée que ces rôles sont masculins. Cela est notamment renforcé par la tendance des hommes à créer des réseaux de parrainage exclusifs qui marginalisent les femmes. [1] [3]

Déconstruction des stéréotypes et actions pour l’inclusion

Pour contrer ces phénomènes et déconstruire les stéréotypes de genre, plusieurs actions peuvent être mises en œuvre :

• Sensibilisation dès le jeune âge : Organiser des rencontres avec des femmes travaillant dans les SI, afin de démontrer la diversité des parcours et des opportunités dans ce secteur. Cela permet de montrer que les femmes ont leur place dans les métiers technologiques, et que ces métiers ne sont pas réservés à un genre particulier. [3] [4] [6]

• Création de modèles inspirants : Promouvoir des témoignages de femmes leaders dans les SI, montrant qu’il est possible de réussir dans ce domaine tout en défiant les attentes sociales et les stéréotypes de genre. Ces modèles peuvent incarner la réussite et aider à casser les clichés de genre. [3] [4] [5]

• Campagnes de communication : Utiliser les réseaux sociaux pour valoriser les réussites féminines dans les SI et promouvoir une image plus inclusive du secteur. Ces campagnes peuvent aider à redéfinir l'image des SI et des métiers technologiques, en mettant en lumière les femmes qui réussissent dans ces domaines. [4] [5]

• Formation à l’inclusion : Organiser des ateliers et des formations pour sensibiliser les élèves, les professeurs et les employeurs aux biais inconscients. Ces formations peuvent aider à mieux comprendre les enjeux de l’inclusion, et à créer des environnements de travail plus inclusifs et ouverts. [3] [6]

• Changement organisationnel : Plutôt que de demander aux femmes de créer leur propre place dans un secteur dominé par les hommes, les entreprises doivent adopter des politiques actives d’inclusion pour favoriser leur intégration et leur progression. Cela inclut des mesures comme la mise en place de programmes de mentorat, de politiques de recrutement inclusives et de structures de soutien adaptées. [1] [3]

• Conception inclusive des SI : Encourager la mixité dans les équipes de développement des SI afin de garantir que les systèmes conçus répondent aux besoins de l’ensemble de la société, indépendamment du genre. Une plus grande diversité dans les équipes permet de mieux répondre aux défis variés des utilisateurs et de concevoir des solutions plus équitables et inclusives. [1] [3]

Messages clés de sensibilisation

• Les métiers des SI sont une opportunité pour les femmes : ils offrent des perspectives de carrière en expansion et une rémunération moyenne supérieure à celle d'autres secteurs.

• La sous-représentation des femmes dans les SI influence directement la manière dont ces systèmes sont conçus, créant un risque d'exclusion d’autant plus grand pour les femmes.

• La diversité est une force : des équipes inclusives dans les SI favorisent l'innovation et la pertinence des solutions développées.

• Chaque acteur : élèves, enseignants, entreprises, a un rôle à jouer dans la création d’un environnement où chacun peut s’épanouir, indépendamment de son genre.

Support de sensibilisation

J'ai finalement choisi de réaliser un support destiné aux réseaux sociaux (post carrousel Instagram et LinkedIn) afin de toucher une communauté aussi large que possible et de créer un visuel percutant.

Pour cela, j'ai opté pour des couleurs vives et impactantes : le violet, symbolisant l'égalité des genres, et le jaune, rappelant les sciences et la technologie, tout en créant un contraste avec le violet.

J'ai également privilégié des visuels simples afin de permettre à l'intention de se concentrer davantage sur le texte.

Plan d’action

Objectifs

• Sprint 1 : Comprendre les mécanismes de consolidation et de déconstruction des stéréotypes de genre dans les métiers des systèmes d'information.
• Sprint 2 : Conception d’un outil de sensibilisation à destination des élèves ingénieurs

Sprint 1

Sprint 2

Post Mortem

❔Ce POK part de questions que je me posais, à savoir : pourquoi les femmes sont-elles sous-représentées dans les métiers des SI ? C'était ma première observation, bien que plus précisément, je m'interrogeais sur un phénomène constaté dans mon entreprise : pourquoi, bien qu'il y ait autant de femmes que d'hommes dans les équipes SI, les rôles attribués ne sont-ils pas équivalents ?

En effet, les femmes sont souvent plus orientées vers des rôles liés à la gestion de projet SI, tandis que les hommes sont davantage dirigés vers des rôles orientés infrastructure.

🟣 Je voulais alors profiter de ce POK pour explorer la littérature à ce sujet et comprendre davantage le milieu dans lequel j'évolue sous la perspective de la question du genre, qui m'intéresse tout particulièrement.

✅ Pour ma part, lire n'est pas une chose facile, donc je pense que j'ai passé beaucoup de temps sur la lecture. Mais cependant, je suis contente car j'ai appris plein de choses que je ne connaissais pas sur les stéréotypes de genre dans l'informatique, et cela me permet d'être beaucoup plus à l'aise avec le sujet en maîtrisant plus de statistiques et en ayant découvert de nombreux nouveaux concepts. Je considère alors avoir rempli mon premier objectif, à savoir : "Comprendre les mécanismes de consolidation et de déconstruction des stéréotypes de genre dans les métiers des systèmes d'information."

✅ Pour mon second sprint, j'ai pu reprendre toutes mes notes sur les diverses sources de ma bibliographie et les répartir afin de structurer mon visuel de sensibilisation. J'ai aussi pu prendre le temps de réfléchir à sa conception puis de le concevoir. Je considère donc avoir rempli le second objectif de ce POK, à savoir : "Conception d'un outil de sensibilisation à destination des élèves ingénieurs", et je pense que ce projet pourrait même avoir une portée plus large qu'uniquement les élèves ingénieurs.

Pour conclure, ce POK a été un projet très intéressant pour moi et j'espère pouvoir retravailler sur le sujet, par exemple en formant des jeunes à ce sujet.

Horodatage

Bibliographie

[1] Chantal Morley. Masculin/féminin. Le genre des technologies de l’information. Revue Française de Gestion, 2004, 30 (148), pp.67 - 86. 10.3166/rfg.148.67-86 . hal-02550935

[2] Martin Gautier-Touzo, Aurélien Brouillaud, Carine Burricand, Olivier Monso, Laurence Dauphin. Les différences d’orientation entre les filles et les garçons à l’entrée de l’enseignement supérieur. 2024, pp.1-4. 10.48464/ni-24-20 . halshs-04586292

[3] Sandrine Vaton. Femmes et numérique : des opportunités formidables. La Revue de l’électricité et de l’électronique, 2015, 5. hal-01258446

[4] Laure Bolka-Tabary, Florence Thiault. Le poids des stéréotypes de genre dans l’accès des filles aux formations en STIC : étude exploratoire. 14e Séminaire Marsouin “ Mesures et usages des TIC ”, May 2016, Douarnenez, France. hal-01693998

[5] Florence Kaczorowski. Encourager la participation des femmes en STIM : trois exemples de campagnes digitales (2017-2019). Mémoire(s), identité(s), marginalité(s) dans le monde occidental contemporain. Cahiers du MIMMOC, 2022, Femmes et emploi: regards, images et perception, 28, 10.4000/mim- moc.10738 . hal-04026593

[6] Pascale Gautron, Cécile Plaud, Vincent Ribaud. Des dispositifs pédagogiques pour œuvrer à l’égalité femmes hommes dans le numérique. Retours d’expériences des acteurs et actrices.. IMT4ET Innovative Methods and Tools for Educational Technology, May 2020, Rennes, France. hal-02911755