MON 1.1 : faciliter l'intelligence collective

Ce MON résume ce qu'est l’intelligence collective, ses conditions d’émergence et comment les créer. Il y a aussi des outils d’intelligence collective simples à utiliser et une proposition de temps collectif d’1h à la rentrée que pourrait animer Laetitia et François pour commencer à connaître la promo Do_It et créer du lien entre les élèves.

Sommaire

• C'est quoi l'intelligence collective ?
• Exemples d'intelligence collective
• Quelles sont les conditions d’émergence de l’IC ?
• Comment créer ces conditions ?
• Boîte à outils d’IC
• Exemple de temps collectif pour lancer l’année Do_It

🧠C'est quoi l'intelligence collective ?

L'intelligence collective (souvent abrégée IC dans la suite) est une méthode de travail qui vise à mobiliser et impliquer chaque membre d’une équipe dans la mise en place d'un processus d'innovation. Elle se met en place grâce à de nombreux outils qui permettent de faciliter la coopération et repose sur le postulat qu'une équipe de personnes travaillant ensemble peut résoudre des problèmes plus efficacement que lorsque ces personnes travaillent isolément.

🔎Exemples d'intelligence collective

♟️Partie d’échec entre Garry Kasparov et la foule

Garry Kasparov est un joueur russe d’échecs anciennement numéro un mondial. En 1999, un site internet de jeux vidéo lui propose d’affronter une foule lors d’une seule partie d’échecs.
Concrètement, la partie se déroule sur Internet et est ouverte à tout le monde sans aucun prérequis de compétence. Ainsi, environ 50 000 joueurs amateurs répartis dans 75 pays différents s’inscrivent pour cette partie collective où chaque coup de la foule est déterminé par un vote (les joueurs ont 24h pour proposer le coup qu’ils jugent le plus approprié et le choix de la majorité est reproduit sur l’échiquier).
La confrontation dure 4 mois et est extrêmement serrée. Au final, la foule perd face au champion du monde mais malgré la défaite, cette partie a marqué l’histoire ! En effet, lors du dixième coup, la foule a voté à 53% pour un déplacement non-conventionnel qui n’avait jamais été vu auparavant en compétition. L’équipe collective décide d’avancer sa reine noire en E6, provoquant un subtile déséquilibre des forces en présence. On retrouve même aujourd’hui cette innovation dans certains manuels d’échecs. Après sa victoire, Kasparov a déclaré “It is the greatest game in the history of chess. The sheer number of ideas, the complexity, and the contribution it has made to chess make it the most important game ever played“. Il est donc clair qu’il considère que la foule était un adversaire complexe.

🐄Estimation du poids d’un boeuf par une foule

En 2004 (5 ans après la partie d'échec opposant la foule à Garry Kasparov) l’écrivain James Surowiecki publie un livre intitulé “La sagesse des foules”. Dedans, il décrit les différents mécanismes qui permettent à une foule d’individus lambda de former des jugements pertinents et de résoudre des problèmes complexes. Notamment il popularise l'expérience ci-dessous :
En 1906, le statisticien britannique Francis Galton se rend à un marché de bétail anglais dans lequel se déroule un concours consistant à deviner le poids d’un bœuf. Galton prend alors note de 787 paris d’amateurs et décide d’établir la médiane. Il est alors surpris de constater que la médiane est 1197 livres (548 kg), un résultat très proche du poids réel du bœuf qui était de 1198 livres. Ce même phénomène se produit si on demande à une foule d’estimer la distance entre 2 villes, le poids d’une baleine, le nombre de billes dans un vase etc. La médiane des résultats d'une foule est toujours proche du vrai résultat car les erreurs de chaque individu se compensent collectivement.

🐝Dans la nature

On retrouve le concept d’IC dans le règne animal. Les fourmis et les abeilles nous offrent une leçon fascinante d'organisation : isolées, elles sont désorientées, mais ensemble, elles forment un tout remarquablement efficace avec une répartition naturelle en différents rôles. Ce phénomène se manifeste également chez les mammifères, comme dans les meutes de loups, ou encore chez les oiseaux capables de virevolter en nuée en parfaite harmonie en une fraction de seconde.

Bref, tout ça pour dire qu’on retrouve l’IC un peu partout, depuis toujours et que c’est un concept ultra puissant !

💡Quelles sont les conditions d’émergence de l’IC ?

✅3 pré-requis pour faire émerger l’IC

D' après La Sagesse des Foules de James Surowiecki, il a 3 critères essentiels pour que l’IC puisse s’exprimer.

• Diversité : cultiver la variété des points de vue avec des personnes issues de milieux divers.
• Indépendance d'esprit : faire en sorte que chaque individu puisse pleinement exprimer son propre avis sans être influencé et encourager l' originalité plutôt que le conformisme.
• Décentralisation des sources : récolter l'information spécialisée sur le terrain et laisser ces différents jugements s’additionner plutôt que de laisser une autorité supérieure choisir les idées qu’elle préfère.

👪3 facteurs clés de l'intelligence d'un groupe

D’après une étude du MIT, le quotient intellectuel (QI) d’un groupe est décorrélé de la hauteur des QI individuels. Il est lié à la qualité de la relation entre les membres qui dépend elle-même des facteurs ci-dessous :

• Intelligence émotionnelle : capacité à identifier et réguler ses émotions et composer avec celle des autres.
• Sensibilité sociale : capacité à déchiffrer l'état d'esprit des autres en captant les non-dits et les signaux non verbaux .
• Répartition du temps de parole (et d'écoute).

🤔Intelligence ou les intelligences ?

La notion de QI m’amène à présenter Howard Gardner, un psychologue cognitiviste, professeur de neurologie à Boston. Il s’intéresse particulièrement, à la fin des années 70, au potentiel humain et au concept d’intelligence et est farouchement opposé au test du QI. En effet, selon lui l’intelligence ne pourrait pas être mesurée et il met en évidence que tous les hommes sont intelligents, mais pas forcément de la même façon. Ses recherches le conduisent à mettre, avec raison, le terme d’intelligence au pluriel. Il établit ainsi une liste de 8 types d’intelligence de base, correspondant chacune à un talent, une aptitude spécifique? Voici ces intelligences :

• logico-mathématique
• interpersonnelle
• intrapersonnelle
• spatiale
• corporelle-kinesthésique
• musicale
• linguistique
• naturaliste

Ainsi, il est essentiel de garder en tête que l’intelligence collective d’un groupe repose sur de multiples formes d’intelligences.

❓Comment créer ces conditions ?

Maintenant que j’ai présenté quelles étaient les conditions d'émergence de l’IC, comment faire concrètement pour être sûr qu’un groupe respecte ces conditions ? On peut citer les 4 ingrédients suivants : une intention claire, des postures individuelles, le rôle de la facilitation et un cadre et des processus clairs.

🎯Clarifier son intention

Il existe de multiples objectifs liés à un temps collectif. Par exemple, un groupe peut se réunir pour créer du lien, partager des idées, réfléchir ensemble, trouver des solutions, résoudre des conflits, définir sa raison d'être, élaborer une vision commune etc.
Ainsi, il est essentiel pour choisir des méthodes adaptées d’aider le participant à se situer sur ce qui est attendu de lui. Cela permet d'éviter les frustrations liées à une mauvaise compréhension d’un temps collectif (par exemple un participant déçu de ne pas créer du lien avec ses nouveaux collègues lors d’une réunion qui avait uniquement pour but d’informer les salariés d’un changement de procédure).

🧘‍♀️Adopter la bonne posture

Cela peut sembler paradoxal mais l'intelligence collective part avant tout... de soi ! Il est donc nécessaire de travailler sa posture individuelle en développant les facteurs clés de l’IC d’un groupe évoqués précédemment (intelligence émotionnelle, sensibilité sociale et sens de l’écoute et observation). Ce n’est clairement pas une mission facile car cela demande de faire évoluer ses modes d'interaction, de se connecter à soi et de dompter son égo.

Heureusement, il existe des outils pour aider à atteindre cet objectif. On peut citer par exemple la Communication Non-Violente (CNV), le fait de demander et formuler des feedbacks, la méditation, la sophrologie etc.

🙋Avoir un facilitateur

Un atelier d'intelligence collective sans facilitateur, c'est comme un plat de pâtes sans sauce !
D’après J.-P. Poupard, la raison d’être d’un facilitateur est de "rendre la tâche d' un collectif plus facile tout en utilisant au mieux le temps et l'intelligence des individus qui le composent. "
Ainsi le facilitateur doit non seulement accompagner les personnes vers une convergence et aboutir à des décisions mais aussi rendre les collaborations utiles, productives et plaisantes.

Le rôle de facilitateur est différent de celui d’un formateur, ou coach ou consultant comme le résume le schéma ci-dessous :

Le facilitateur va notamment endosser ou attribuer à d’autres membres 2 rôles essentiels lors de temps collectif type réunions :

• Le maître du temps : il s’assure du respect du temps, aide à donner le rythme et aide à veiller à l’équivalence des temps de parole entre chacun.
• Le scribe : il retranscrit les échanges et les décisions prises, aide à reformuler les propositions et aide à préparer la réunion

Ainsi, les compétences clés d’un bon facilitateur sont l’écoute active, la sensibilité sociale, l'intelligence émotionnelle, l'art du questionnement, la reformulation, l’esprit de synthèse, l’empathie et la bienveillance.

🖼️Garantir un cadre et des processus

Parfois l’idée même de règles ou de cadre entraîne des résistances (peur d’enfermement) mais il est essentiel de rappeler que l’absence de règles explicites cache en réalité énormément de règles implicites.
Ainsi, un cadre pour un temps collectif permet de se mettre d' accord sur les règles du jeu, de favoriser la co-responsabilité, de générer de la sécurité et de la confiance au sein du groupe, de limiter les jeux d'égos et les rapports de domination et d’avoir des sessions de travail plus efficientes.
Voir l’outil : cadre de confiance dans la partie “Boîte à outils”

Ensuite, les processus permettent de passer plus facilement et sereinement de la phase de divergence à la phase de convergence lors d’une décision de groupe. On retrouve ces phases dans le diamant de la participation, un modèle de processus participatif élaboré par Sam Kaner, un facilitateur aux USA. Ce diamant visible ci-dessous illustre les étapes qu’on traverse quand, devant une question ou un problème, on quitte ce qu’on connaît (divergence) pour explorer de nouvelles possibilités (émergence), puis qu’on sélectionne ensuite l’option la plus pertinente (convergence).

📦Boîte à outils d’IC

Maintenant que j’ai précisé comment créer théoriquement des conditions optimales pour un temps collectif, voici ci-dessous une liste de plein d’outils d’IC que j’ai tous personnellement eu l'occasion de vivre au cours de mon stage de 6 mois au Tiers-Lab des Transitions à Marseille. C'est au cours de ce stage que j'ai suivi une formation de 2 jours nommée "Inititation à l'intelligence collective" du LICA, le Laboratoire d'Intelligence Collective et Artificielle. Ces outils peuvent sembler en apparence assez simples mais leur utilisation apporte une grande différence dans le vécu d’un temps collectif !
C’est le facilitateur qui est censé animer ces outils pendant le temps collectif.

⛅Le tour de météo

Outil de 2 à 15 personnes, prévoir 1 à 2 min par participant.

Son but ?

Il permet au groupe d'exprimer et d'entendre comment chacun arrive dans le temps collectif : niveau de fatigue, énergie, humeur, ressenti... Ainsi on se rend compte de son état, de ses biais du jour, de ceux des autres, on comprend l’humeur du groupe et on s’y adapte.
Celà permet d’éviter certaines interprétations. Par exemple, si Michel ne semble pas trop m’écouter quand je parle ce n’est pas car il s’en fiche mais car il a fait une insomnie cette nuit et a donc du mal à se concentrer. Cet outil permet aussi de percevoir l’évolution du collectif entre les réunions et au cours d’une réunion si il est couplé avec l’outil “déclusion” (voir dans la suite).

Comment l’animer ?

Ex : "Je propose que chacun partage en quelques mots avec quelle émotion il arrive aujourd'hui"
De là, un tour de parole s’installe en écoute active, sans réaction. On peut utiliser un sablier si besoin pour veiller à l’équilibre du temps de parole.

Variantes

On peut utiliser des supports visuels pour décrire son humeur : la roue des émotions, l’Arbre d'Ostende, s’associer à un animal, un fruit, une carte émotion etc. Si le groupe est nombreux, on peut par exemple se positionner dans l'espace sur une ligne imaginaire et indiquer son niveau d'énergie de 1 à 5 ou bien juste indiquer tous ensemble son niveau d’énergie de 1 à 5 avec les doigts.

🤝Le cadre de confiance

Outil de 2 à 20 personnes, prévoir 5 à 10 min au total.

Son but ?

Il permet en début d’un temps collectif à chaque membre d'exprimer ses besoins pour le bon déroulement de ce moment ensemble. Ainsi, on fixe collectivement les règles du jeu en définissant un référentiel commun permettant de "recadrer" si besoin. Il favorise également la co-responsabilité du groupe si l’un des participants ne respecte pas le cadre.
Le résultat final est un cadre (souvent une feuille, un paperboard…) avec des mots autours qui décrivent les règles de comportement pour la journée.

Comment l’animer ?

Cet outil est surtout utilisé avant des grosses réunions (½ journée) ou d’un temps collectif type séminaire ou pour définir les règles au travail d’une équipe bossant ensemble au quotidien.
Ex : "De quoi avez-vous besoin pour bien vivre cette journée ?"
Idéalement, il faut co-construire le cadre de confiance avec le groupe. Si on a peu de temps, on peut le faire en posant soi-même des règles de base (écoute active, équilibre de la parole, bienveillance...).
Avec un grand groupe, on peut le créer en version post-it silencieux.
Une fois le cadre fini, il faut l’afficher dans la salle pour pouvoir s’y référer dans la journée et aux prochains temps collectifs s'ils ont lieu avec les mêmes personnes.

Voici le cadre de confiance qui avait été construit lors d’une formation que j’ai suivi au LICA, le Laboratoire d’Intelligence Collective et Artificielle à Marseille.

👂Le pense écoute

Outil de 2 à 3 personnes, prévoir 15 à 25 min au total.

Son but ?

Il permet de laisser aux participants le temps d’aller au bout de leurs pensées, d’expérimenter une écoute active et totale et de faire émerger un sujet en douceur. Il est aussi utile pour donner du rythme dans un grand groupe.

Comment l’animer ?

En amont, le facilitateur définit entre 1 et 3 questions et un temps imparti pour y répondre (entre 3 et 10 min / personne, en fonction de l'enjeu et du type de participant).

Ex : “Comment je me sens en ce moment dans l'organisation ?”, “Quelle est ta compréhension de mon rôle dans la structure ?”, “Comment trouves tu les espaces de travail (confort, praticité etc) ?”, “Pourquoi j’ai choisi de participer à cet atelier ?”.

Le facilitateur donne les consignes en collectif puis les participants se répartissent en sous-groupe de 2 ou 3. Dans chaque groupe, une 1ère personne s'exprime pour répondre à la/les questions sans être interrompu par les autres. Si elle a fini avant le temps prévu, elle laisse place au silence. Pendant ce temps, l’autre est dans une écoute active : pas de réaction, pas d'interruption, ni de question.
Puis on inverse les rôles.
Puis les 2 personnes peuvent discuter librement.
Si c'est un groupe de 3 : la phase de discussion libre est remplacée par le monologue de la 3ème personne.
Idéalement, les participants peuvent marcher en même temps qu’ils parlent en faisant un tour dans le jardin, dans les couloirs du bâtiment etc., celà aide à libérer la parole.

Concrètement pour un groupe de 2 et une durée de 15 min cela donne :

1. De 0 à 5 min : participant A s’exprime et B écoute
2. De 5 à 10 min : participant B s’exprime et A écoute
3. De 10 à 15 min : A et B s’expriment librement, ils peuvent parler et écouter

Option : on peut débriefer du vécu de l'exercice en collectif. Par exemple, chacun peut résumer ce qu’a dit son groupe ou bien dire 3 mots pour résumer ce qu’à dit l’autre ou bien en collectif tout le monde dit au fur et à mesure ce qui n’a pas déjà été dit avant.

👣Le débat mouvant

Outil à partir de 5 personnes jusqu'à une centaine, prévoir entre 10 et 30 min.

Son but ?

Il permet de rendre visible les enjeux, les problèmes du sujet qui réunit les participants et il laisse à chacun l'opportunité de s'exprimer. Ainsi, on fait émerger des arguments et positions de manière rythmée et ludique.

Comment l’animer ?

Le facilitateur dit une affirmation volontairement clivante dans le groupe.
Ex : “Il faut séparer vie pro et vie perso”, “Les règles freinent nos libertés”, “L'absence de chef freine le collectif”.
De là, chaque participant doit se positionner spatialement dans l’espace dans 2 zones : d'accord / pas d'accord. Les participants n’ont pas le droit de rester au milieu dans la "rivière du doute".
Ensuite, un participant défend son point de vue et pendant son argumentation, les autres participants peuvent bouger en silence (par exemple, les participants dans la zone opposée peuvent se rapprocher de la zone du participant argumentant si il les a un peu convaincu).
Puis, un participant de la zone opposée prend la parole pour exprimer à son tour son point de vue. Ce cycle se répète jusqu’à ce que tous les arguments aient été dit ou bien que le temps soit écoulé.
Idéalement, le facilitateur prend en note les arguments des 2 équipes pour avoir un compte-rendu à la fin du débat mouvant.

Voici la restitution visuelles d'un débat mouvant auquel j’avais participé au LICA, le Laboratoire d’Intelligence Collective et Artificielle à Marseille. Le thème était “On peut coopérer avec tout le monde”.

💬Le tour de déclusion

Outil de 2 à 15 participants, prévoir 1 à 2 min par participant.

Son but ?

Il permet de garder l'énergie du groupe jusqu'au bout, de laisser un dernier espace d'expression des émotions, de prendre individuellement et collectivement de la hauteur sur le vécu du temps collectif et de récolter du feedback "à chaud" pour le facilitateur.

Comment l’animer ?

Le facilitateur lance un tour de table en fin de session avec une question et chaque participant doit y répondre en parlant pour lui-même. Les autres sont en écoute active (pas de réaction).
Ex : "Avec quelle émotion repartez vous aujourd'hui ?", “Quel élément vous a le plus marqué aujourd’hui ?”

Variantes

Pépite / caillou : citer une pépite = un point fort de cette journée et un caillou = un point à améliorer.
Mot clé : dire un mot pour résumer cette journée.
Mêmes outils que pour l'inclusion : dire son niveau d’énergie après ce temps collectif.

🧊Les ice breaker

Son but ?

Il permet au groupe d’apprendre à se connaître autrement et de commencer un temps collectif par une activité fun. J’en ai listé plusieurs ci-dessous.

• Les points communs : le groupe se répartit en sous-groupes de 3 à 5 qui doivent trouver le plus de points communs entre eux en 5 minutes.
• L’anti “Tu fais quoi dans la vie” : en sous-groupe ou en tour de parole, les participants racontent ce qu’ils font dans la vie SANS évoquer le travail.
• Qui est qui ? Chacun écrit sur une feuille 3 infos sur lui. On mélange les feuilles et à tour de rôle une personne pioche et essaie de deviner de qui il s'agit.

🎩Les 6 Chapeaux de De Bono

Outil de 3 à 15 personnes, prévoir 45 min à 1h au total.

Son but ?

Édouard de De Bono, un docteur en psychologie, a constaté que dans un groupe qui réfléchit à un sujet, on retrouve souvent : des phases et/ou personnes créatives, des phases et/ou des points de vue plutôt critiques, prudents qui voient les risques, des personnes qui manquent d’informations pour participer, des phases et/ou des points de vue qui veulent de la structure, du concret.
Toutes ces phases et tous ces points de vue sont utiles et légitimes mais le problème selon lui est de vouloir les traiter tous en même temps. En effet, cela produit de la stigmatisation, des tensions, du stress, une mauvaise circulation de l’information. C’est ce qu’il nomme la "pensée spaghetti".
Il propose donc la méthode des 6 chapeaux afin de permettre à un groupe de réfléchir à une problématique en abordant différents modes de pensée. Ainsi, chaque chapeau correspond à un mode de pensée. Tous les membres du groupe travaillent collectivement dans un mode de pensée en même temps. Cette méthode permet d’être plus efficace pour réfléchir ensemble et travailler sur un nouveau projet, un point d’étape, pour la résolution de conflit etc. Grâce à cette méthode, chacun s’exprime et on prend en compte tous les points de vue.

Les 6 chapeaux :

1. Blanc, neutralité : on énonce des faits purement et simplement pour alimenter le groupe en chiffres et en informations.
2. Rouge, émotions : on apporte ses informations teintées d'émotions, de sentiments, d'intuitions et de pressentiments. Il n'a pas à se justifier auprès des autres chapeaux.
3. Noir, pessimisme : on fait des objections en soulignant les dangers et risques qui attendent la concrétisation de l'idée. C'est l'avocat du diable ! C'est la prudence, le jugement négatif.
4. Jaune, optimisme : on admet ses rêves et ses idées les plus folles. Les commentaires sont constructifs et tentent de mettre en action les idées suggérées par les autres membres du groupe.
5. Vert, créativité : on provoque, on recherche des solutions de rechange. On essaye de trouver des façons différentes de considérer un problème.
6. Bleu, l'organisation : On canalise les idées et les échanges entre les autres chapeaux pour garder la solution à retenir.

Comment l’animer ?

Selon la problématique, il faut que le facilitateur définisse un enchaînement logique de séquence avec pour chacune une durée et des questions clés. Il faut éviter tout débat, ce n'est pas un mode de prise de décision mais plutôt d’idéation.
Les notes sont idéalement prises à la volée par le facilitateur sans ralentir le flux et elles sont visibles tout au long de la production (paperboard affichés à la fin de chaque chapeau). La facilitateur filtre les apports en marquant ce que disent les participants que si c’est lors du bon chapeau.

Ex de séquence sur la question générale : Comment faire évoluer nos réunions d'équipe ?

1. Chapeau blanc 10 min : Rappel de comment se déroulent nos réunions actuellement (fréquence, format, rôles...)
2. Chapeau rouge 3 min : Quelles émotions je ressens lors de nos réunions ? (mots clés uniquement)
3. Chapeau noir 6 min : Qu’est-ce qui fonctionne moins bien ? Quels obstacles prendre en compte si on souhaite faire évoluer nos réunions ?
4. Chapeau jaune 6 min : Qu'est-ce qui fonctionne bien ? Qu'est-ce qu'on veut absolument garder ?
5. Chapeau vert 6 min : Quels sont tous les changements que l'on pourrait imaginer pour mieux vivre nos réunions ?
6. Chapeau bleu, en dehors de l'atelier : en petit groupe de travail se réunir pour faire une proposition au reste du groupe à partir de ce qui a émergé.

🏫Exemple de temps collectif pour lancer l’année Do_It

Maintenant que j’ai présenté plusieurs outils d’IC, je me suis amusée à imaginer à quoi aurait pu ressembler la première matinée de Do_It lors de la rentrée. Pour ce temps, je décide que l’intention est d’apprendre aux élèves de la promo et aux professeurs à se connaître et ainsi commencer à créer du lien entre tout ce beau monde ! Pour ceci, j'ai séparé ce temps d'environ 1h en 4 phases.
J’emploie le mot facilitateur en imaginant que Laetitia et François se familiarisent avec les outils d’IC et qu’ils endossent successivement ce rôle au sein des différents temps.

👋Inclusion : accueil, prénom et humeur - 20 min

Les élèves de Do_It arrivent dans la salle avec Laetitia et François. De là, ces derniers leur disent de laisser toutes leurs affaires dans la salle et de venir avec eux dans la cour au soleil pour d’abord faire des présentations. (Si il ne fait pas beau, possibilité de le faire dans la rue basse ou dans une salle dont les chaises et tables ont été poussé sur les côtés).

Laetitia et François se présentent, félicitent les élèves d’être en Do_It et souhaitent à tout le monde une bonne rentrée. Ils précisent qu’on va d’abord consacrer 1h de la matinée à faire des activités pour apprendre à mieux connaître la promo.

Puis l’un des facilitateurs commence par placer des feuilles A4 plastifiées colorées de manière espacée sur le sol avec des émotions marquées dessus (joie, sérénité, motivation, fatigue…) comme sur la photo ci-dessous.

Il explique alors les consignes : les élèves ont 2 min pour regarder les feuilles et se positionner à côté de l’émotion qu’ils ressentent ce matin lors de cette rentrée en Do_It.
Un tour de parole s’installe où chaque élève doit dire son prénom et dire le nom de l’émotion choisie en expliquant pourquoi en 1 phrase (pas plus car il y a beaucoup d’élèves). Quand un élève a fini, il désigne l’élève qui enchaîne pour que la parole circule vite sans blanc.

👂Pense écoute : choix de Do_It - 20 min

Une fois le tour des émotions fini, l’animateur remercie pour ce partage et demande aux élèves de se répartir en binôme avec un élève qu’il ne connaisse pas. Ils auront alors 15 min pour se présenter et répondre à la question “Pourquoi j’ai choisi Do_It ? Qu’est ce que cette option va m’apporter ?”

Le fonctionnement est le suivant :

• Les 5 premières min le participant A parle et B écoute sans l’interrompre.
• Puis on inverse pour les 5 minutes suivantes.
• Puis les 2 parlent librement lors des 5 dernières minutes.

Une fois les consignes données, les binômes peuvent marcher dans la cour pour discuter ensemble en suivant l’exercice.
Le facilitateur doit choisir s'il veut annoncer lui-même les changements de temps toutes les 5 min (possible si les élèves ne sont pas trop loin) ou si les élèves gèrent eux-mêmes (si oui, il faut leur dire de mettre un chrono). Si il y a un nombre impair d’élèves, faire un groupe de 3 et remplacer la dernière phase de 5 min par le temps de parole de l’élève C.
Pendant ce temps, le facilitateur peut récupérer les feuilles de l'activité précédente par terre.

👣Positionnement spatiale : césure, alternance, option 2A, couleur - 20 min

Une fois les élèves revenus, le facilitateur les remercie d’avoir joué le jeu et énonce qu’on va maintenant faire quelques positionnements spatiaux pour apprendre à connaître les situations des autres élèves. A chaque question, il désigne des zones de chaque côté de lui pour que les élèves puissent s’y placer. A chaque fin de positionnement, les élèves prennent un temps pour observer où sont leurs camarades et ainsi mieux comprendre la promo.

Questions possibles :

• Qui a fait une césure l’année dernière ? → répartition en 2 zones (césure et pas de césure)
• Qui est alternant, apprenti ou aucun de ces 2 statuts ? → répartition en 3 zones (alternant, apprenti, aucun)
• Quelle option avez-vous suivi en 2A ? → répartition en 4 zones (Méca-Phy, MIE, Chimie-GP, pas à Centrale en 2A)
• Sur une échelle de 1 à 10, à quel point êtes-vous en Do_It pour découvrir la partie verte = l’informatique ? → les élèves se placent sur une ligne avec à un bout les fans de développement et à l’autres ceux qui ont horreur de l’informatique
• Même question pour le bleu management des SI
• Même question pour le saumon gestion de projet

🗣️Déclusion : prénom et ressenti - 10 min

Le facilitateur remercie les élèves pour le positionnement spatial et annonce qu’on va faire un dernier tour de parole dans lequel chacun rappelle son prénom et explique en 1 phrase comment il a trouvé ce temps collectif. Là encore, l’élève qui a fini de parler désigne l’élève suivant qui parlera.
Une fois le tour fini, le facilitateur remercie pour le partage et indique aux élèves qu’on peut rentrer dans la salle pour passer à une présentation plus formelle de l’option (les cours, les POK, MON etc).

✅Bilan du temps collectif en Do_It

Et voilà, en un peu plus d’1h, les élèves et les profs ont vécu un moment collectif dans lequel ils ont chacun pû dire leur prénom, exprimer une émotion, réfléchir à leur choix sur Do_It et ce que ça va leur apporter, connaître la situation des autres camarades (césure, contrat, option 2A, profil de couleur…) et donner un feedback sur ce temps. Le tout en créant du lien et sans s’impatienter sur une chaise au fond d’une salle en écoutant d’une oreille distraite ce que racontent les autres.

Bien sûr, ce temps n'est qu’une proposition et je ne sais pas en pratique à quel point ça fonctionnerait bien, d’où le tour de déclusion à la fin qui permet d’avoir un feedback et d’améliorer ce temps pour l’année suivante. Je suis très curieuse d’avoir l’avis des élèves et des profs sur cette proposition donc si vous avez lu jusque là hésitez pas à venir m’en parler !

👍Conclusion de ce MON

J’ai adoré travailler sur ce sujet et notamment sur le cas du temps pour Do_It ! J’espère que ça servira aux autres élèves et n’hésitez pas à me poser des questions sur le contenu de ce MON.

⌛Horodatage