La gouvernance d'entreprise

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  • gouvernance d'entreprise
Auteurs :
  • Soline de MIRIBEL

Ce MON aborde le sujet fondamental de la gouvernance d'entreprise. Après une présentation de ce qui est entendu par ce terme, on trouvera aussi une comparaison de différents modèles de gouvernance.

Niveau : débutant Prérequis : aucun

Sommaire

  1. Contextualisation du concept
  2. Importance et impact de la gouvernance
  3. Modèles de gouvernance et encadrement
  4. Comment mettre en place une gouvernance d’entreprise efficace ?

Contextualisation du concept

Définition

La gouvernance d’entreprise est le système par lequel sont définies et appliquées les règles de fonctionnement de l’entreprise, la répartition des pouvoirs, devoirs et obligations, ainsi que la manière de contrôler, diriger et décider. La gouvernance a pour but de régir à long terme la vie des entreprises, de protéger les intérêts des parties prenantes, d’équilibrer les pouvoirs et de régler la coopération et la coordination des différents organes de l’entreprise. La gouvernance repose à la fois sur des mécanismes formels tels que des processus, une structuration, des règles et des codes, mais aussi sur des mécanismes plus informels tels que des comportements, des valeurs, une culture ou des relations.

Norme ISO 26 000

La gouvernance fait partie des domaines centraux de la norme ISO 26 000 qui définit la responsabilité sociétale des organisations. La norme ISO 26 000 n'est pas une norme certifiable. Elle vise seulement à encourager les organisations à adopter une approche responsable et durable de leurs activités. Elle fournit des recommandations, des principes et des indicateurs de performance.

Histoire

1950-1970

A la tête d’une entreprise on trouve ses dirigeants qui en sont salariés et non propriétaires, on trouve aussi les actionnaires qui en sont eux les propriétaires et y engagent donc des biens personnels. L’intérêt des dirigeants est de maximiser leur salaire, d’obtenir des primes et d’autres avantages sous forme de logement, de transport ou de voyage. La conséquence pour l’entreprise est une diminution de ses bénéfices et de sa capacité à innover, ce qui mécontentent les actionnaires. La répartition du pouvoir entre actionnaires et dirigeants devient très préoccupante. C’est ainsi qu’émerge le concept de “gouvernance”

1970-1980

Michael C. Jensen et William H. Meckling établissent, en 1976, la théorie de l’agence. Ils y explorent les relations entre les parties prenantes dans une organisation, en se concentrant principalement sur la relation entre les propriétaires (actionnaires) et les agents (dirigeants). Ils étudient leurs intérêts et motivations divergentes ainsi que l’accès à l’information. En effet, les agents, au plus proche de l’activité détiennent davantage d’informations que les propriétaires. Ces-derniers à qui les renseignements ne sont volontairement pas intégralement transmis, doivent déléguer leur pouvoir décisionnel sans pouvoir contrôler directement les actions des agents. Cette asymétrie de l’information en faveur des agents est un des piliers de la théorie de l’agence.

1980-1990

Dans un contexte de déréglementation favorisant la concurrence et la fusion des entreprises, on observe une transition d’un capitalisme patrimonial à un capitalisme actionnarial. Ces dans ces années là qu’est formalisé et popularisé le terme de gouvernance avec la “corporate governance” d'abord définie comme “l’ensemble des mécanismes qui garantissent aux différents bailleurs de fonds un retour sur investissement, en évitant une appropriation de valeur excessive par le dirigeant et les actionnaires dominants.” Les premières conceptualisations et modèles de gouvernance sont donc centrés sur les moyens de préserver les intérêts des actionnaires. Par la suite, d'autres modèles et conceptualisations vont apparaître, prenant en compte d'autres parties prenantes.

Depuis 1990

On observe un alignement des intérêts des actionnaires et des dirigeants mais de nouvelles problématiques émergent avec la mondialisation, l’arrivée d’internet, des conflits direction/opérationnel. De plus, plusieurs scandales et crises mettent le concept de gouvernance au centre des stratégies des entreprises. La gouvernance fait aussi l’objet de nouvelles réglementations juridiques (en France notamment).

Importance et impact de la gouvernance

Principes à protéger

Les entreprises reposent sur de grands principes qui peuvent être outrepassés ou négligés au profit d’intérêts personnels. La gouvernance d’entreprise est là pour assurer leur respect. Ces grands principes sont :

Bienfaits d’une gouvernance

La mise en place et le respect d’une gouvernance permet à l’entreprise d’en tirer de nombreux avantages liés aux objectifs de la structure :

Conséquences positives d’une bonne gouvernance

Une gouvernance ajustée à l’entreprise garantissant le respect de principes et s’accompagnant de bienfaits, elle a des conséquences positives directes sur l’organisation et son rayonnement :

Modèles de gouvernance et encadrement

Types de gouvernance

Il existe traditionnellement deux modes de gouvernances au choix des dirigeants et qui influe sur le partage de la valeur ajoutée :

Les acteurs et instances de gouvernance

La gouvernance d'entreprise implique plusieurs acteurs clés, chacun ayant un rôle important à jouer dans la direction et le contrôle de l'entreprise. Les instances et acteurs d'entreprise regroupant les actionnaires sont principalement :

D’autre part, on trouve aussi les instances et acteurs des dirigeants, salariés de l’entreprise :

le conseil d'administration est un organe encadré par la loi.

Les codes encadrant la gouvernance

L’amélioration de la performance globale est obligée de s’opérer en accord avec la loi et les statuts de l’entreprise. Les actions des sociétés restent très encadrées, et les réglementations évoluent constamment. Tous ces éléments doivent être pris en considération, et avec le plus grand sérieux, pour éviter les dérives et augmenter la confiance de toutes les parties prenantes. D’autre part, si les règles de gouvernance à proprement parler ne sont pas reconnues par des textes réglementaires ou législatifs, il existe des codes encadrant les organisations dont les titres financiers sont cotés en Bourse :

En France, une société a le choix de suivre ou non l'un de ces deux codes, mais ce n'est pas une obligation légale. La seule obligation est d'indiquer pourquoi elle refuse d'adopter un code de gouvernance. Les dispositions y figurant et leur application relèvent de l'autorégulation des entreprises.

Les rapports de gouvernance

Annuellement, les entreprises publient un rapport sur le gouvernement d'entreprise qui est présenté à l'assemblée générale ordinaire. Il contient notamment les dispositions relatives :

Les principaux modèles de gouvernance dans le monde

La gouvernance d'entreprise peut prendre différentes formes à travers le monde, avec des modèles distincts qui reflètent les valeurs, les cultures et les normes de chaque région.

Modèle de gouvernance Anglo-Saxon

Caractéristiques :

Exemples : États-Unis, Royaume-Uni, Canada.

Modèle de gouvernance Européen

Caractéristiques :

Exemples : Allemagne, France, Suède.

Modèle de gouvernance Japonais

Caractéristiques :

Exemple : Japon.

Modèle de gouvernance Chinois

Caractéristiques :

Exemple : Chine.

Modèle des Marchés Émergents

Caractéristiques :

Exemples : Brésil, Inde, Russie.

Comparaison des modèles de gouvernance

Cette partie s’appuie sur une étude comparant les modèles de gouvernance dans le monde. Elle distingue le modèle Anglo-Saxon, européen continental et asiatique (Japon + Singapour). Elle cherche à déterminer, en particulier, si l’appartenance à un modèle de gouvernance déterminé, parmi les trois identifiés exerce une influence sur les scores de gouvernance des entreprises, tels qu’attribués par l’agence de notation sociétale Vigeo. L’étude s’appuie sur un échantillon de 434 sociétés cotées dont les scores ont été relevés sur la période 2010-2014.

Les variables

Il est intéressant de se pencher sur les variables choisies pour obtenir des indicateurs chiffrés sur les différents modèles de gouvernance. Ces variables sont l’efficience du conseil d’administration, la qualité des mécanismes d’audit et de contrôle interne, le respect des droits des actionnaires, la rémunération des dirigeants . Les entreprises sont aussi comparées en fonction de leur secteur d’activité.

Les résultats

Les résultats font apparaître, de manière nette, une supériorité des entreprises anglo-saxonnes en matière de gouvernance d’entreprise sur tous les indicateurs. Ils montrent aussi que les entreprises d’Europe continentale sont en retrait sur ces différentes dimensions : mécanismes d’audit et de contrôle, équilibre des pouvoirs et efficacité du conseil d’administration. Ils tendent à montrer, enfin, que les sociétés appartenant à la zone Asie présentent des scores de gouvernance très inférieurs à la moyenne, mais aussi très largement en deçà de ceux des entreprises anglo-saxonnes et d’Europe continentale, quelle que soit la dimension envisagée.

Leur analyse

De cette étude il ressort que les marchés financiers exerceraient un effet disciplinaire sur les dirigeants. De même, la nature patrimoniale et familiale des entreprises influencerait négativement la probabilité d’avoir une meilleure gouvernance En effet, la domination dans le capital de familles, de banques ou d’États, conduirait à des décisions sous l’influence d’actionnaires dominants qui veillent, avant tout, à préserver voire renforcer leur pouvoir dans le capital et le management. Face à leur influence, le ou les contre-pouvoirs se trouvent ainsi fortement atténués.

Sur le plan managérial, les entreprises d’Europe continentale doivent s’assigner pour objectif d’améliorer l’efficacité et la pertinence de leurs conseils en choisissant des membres ayant l’expertise et l’indépendance nécessaires pour agir dans le meilleur des intérêts des entreprises (définir la stratégie et les orientations générales, exercer un réel contrôle sur le management par des mécanismes appropriés et veiller à la protection des intérêts des actionnaires minoritaires). Les sociétés européennes doivent également veiller à améliorer la qualité de la politique de rémunération des dirigeants, qui n’obéit pas toujours à des considérations guidées par la rationalité économique. Une transparence renforcée devrait jouer un rôle positif à cet égard.

Enfin, les scores obtenus par les entreprises asiatiques indiquent des dysfonctionnements dans la gouvernance de ces entreprises.

Ces faiblesses limitent la portée des avantages reconnus du modèle japonais et asiatique de gouvernance : le consensus établi sur la primauté accordée à l’ensemble des parties prenantes, au premier rang desquels les salariés, et pas seulement les actionnaires ; le compromis équilibré entre contribution, risque, récompense et contrôle ; la réduction du risque et des coûts de faillite ; un horizon de gestion à long terme. Le système de gouvernance asiatique doit donc évoluer dans le sens d’une plus grande indépendance des conseils d’administration et d’un renforcement des fonctions d’audit et de surveillance dans les entreprises, en vue d’une plus grande création de valeur.

Pour une analyse plus poussée

L’analyse des différences au sein même des pays, entre sociétés cotées et sociétés non cotées, entre grandes entreprises et entreprises de taille intermédiaire, entre les différentes industries, serait également riche d’enseignements. Un suivi et une étude sur une longue période permettraient d’étudier les dynamiques d’évolution de ces modèles et d’observer les mécanismes de convergence ou divergence.

Comment mettre en place une gouvernance d’entreprise efficace ?

Déterminer la stratégie sur le long terme

La gouvernance d’entreprise implique d’élaborer une stratégie robuste, portée par sa mission et sa vision sur le long terme. Pour ce faire, les organisations sont tenues de s’appuyer sur différents facteurs :

Définir un cadre et des règles

Ensuite, une bonne gouvernance d’entreprise nécessite de définir quelles sont les règles qui régissent l’organisation, les moyens et le cadre mis en place pour assurer l’efficacité et la conformité des actions. En d’autres termes, il s’agit de savoir précisément qui fait quoi et de quelle manière, autant d’un point de vue décisionnel qu’opérationnel.

Assurer l’alignement stratégique

L’alignement stratégique définit l’organisation et les actions déployées pour que l’opérationnel agisse en accord avec : la stratégie globale, les processus, les cadres et la répartition des pouvoirs précédemment établis. Cette opération nécessite de trouver un équilibre pour atteindre les objectifs de l’entité conformément aux moyens financiers et humains à disposition.

Contrôler les activités

L’alignement stratégique exige des opérations de contrôle. Ainsi, les entreprises : suivent précisément leurs résultats, détectent d’éventuelles anomalies, risques à venir ou axes d’amélioration, dans l’optique de mettre en place des actions correctives. Les organisations doivent, en effet, rester suffisamment flexibles pour être parfaitement disposées à s’adapter aux évolutions du marché et de la société. Dans le cadre du contrôle, les organisations sont tenues, une fois de plus, de clairement préciser les rôles (qui surveille quoi ?). Par ailleurs, il est recommandé de disposer d’indicateurs de performance précis et fiables, notamment par le biais de la construction de tableaux de bord.

Tenir des instances de gouvernance

Les différentes instances de gouvernance jouent un rôle capital dans son bon fonctionnement. Une bonne gouvernance d’entreprise implique que ces grandes instances se tiennent régulièrement, tant elles facilitent l’interaction entre les différentes parties prenantes pour des prises de décisions justes et éclairées.

Conclusion

La gouvernance d'entreprise fait l'objet d'une théorisation, d'études et de recherches depuis le siècle dernier. Elle est devenue en peu de temps un élément déterminant de la réussite d'une entreprise. Avec le temps, le concept évolue et comprend maintenant deux nouvelles approches :

Sources